Topo sur L'imagerie de diffusion : bases physiques simplifiées et pièges d'interprétation à éviter

aspect classique d'une restriction de la diff dans un AVC ischémique aigu


 Introduction

                L’imagerie de diffusion est basée sur l’étude sur l’étude du mouvement des molécules d’eau au sein d’une région/voxel de tissu exploré,
                En d’autres termes,
=> plus les moldécules d’eau ont du mal à « bouger » au sein d’un tissu donné soit secondairement à une hypercellularité soit à une réduction de l’espace extra cellulaire par turgescence cellulaire,
=> et plus le coefficient de diffusion sera bas


Terminologie
                La diffusion a été popularisée dans l’AVC ischémique où l’on retrouve classiquement une diffusion restreinte secondairement à l’hypoxie cellulaire provoquant une inactivation des pompes cellulaires membranaires d’ATP et causant l’œdème cytotoxique , réduisant ainsi l’espace extracellulaire et réduisant le mouvement des molécules d’eau.
                Cependant pleins d’autres pathologies provoquent également une diffusion restreinte aussi bien dans le système nerveux central que dans le reste du corps,
                Une connaissance du diagnostic différentiel des cas de diffusion restreinte est nécessaire pour le radiologue
               


Bases physiques
                Le principe de base de la diffusion est l’atténuation du signal T2* basée sur la facilité avec laquelle les molécules d’eau diffusent dans une région donnée
                               : plus des molécules diffusent facilement => moins de signal T2* persistera
                               : ainsi donc l’eau contenue dans le LCR diffuse très facilement et va réduire drastiquement le signal T2* et donc va paraître noire,
                Au début, on procède à l’acquisition d’une séquence pondérée T2* sans atténuation de la diffusion , appelée B=0
                Puis, on analyse la méme séquence en appliquant un gradient d’écho sur au moins 3 directions orthogonales, une durée déterminée de l’écho et une amplitude connue, ce qui donne les différentes valeurs de B
                               Pour simplifier, après avoir acquis l’image initiale B=0, on refait la même séquence T2* mais cette fois ci en attendant une certaine période avant d’appliquer un écho de plus en plus puissant et d’obtenir l’image, plus cette période sera longue, et plus la valeur de B est élevée, et plus la sensibilité à la restriction sera accrue,

                En pratique courante on utilise des valeurs de B allant entre 0 et 1000

                Le problème avec cette séquence est qu’elle dépendante du signal T2 et donc un tissu fortement pondéré en T2 paraitra en hypersignal diffusion méme si la diffusion en son sein est élevée ce qui correspond à l’effet T2 shine through (voire plus loin pour de plus amples explications dans le chapitre pièges)
                Pour y remédier on rajoute à la diffusion une seconde mesure, celle de l’ADC (coefficient de diffusion apparente) qui est calculée automatiquement par l’appareil d’IRM à partir d’au moins deux valeur de B, et est exprimée en mm2/s,

               
Cette mesure est techniquement constante et indépendante de l’appareil d’IRM et de l’effet T2, la diffusion est dans ce cas directement proportionnelle à la valeur de l’ADC, et même si sa valeur est variable selon le tissu exploré, il est généralement accepté qu’une valeur inférieure à 1000-1100x10-6 mm2/s indique une diffusion restreinte

Comment interpréter une diff :
                La diffusion doit donc toujours être interprétée en association avec la carte d’ADC, et éviter autant que possible de parler d’une restriction de diffusion sur la seule image diff sans avoir jeté un coup d’œil sur la zone correspondante en ADC,



Les pièges de l’imagerie de diffusion :
Il existe de nombreuses situations où l’imagerie de diffusion est anormale , et peut même mimer une restriction de la diffusion,


Diffusion restreinte
T2 shine through
T2 blackout
T2 washout
Lésion à flux bas
Séquence Diffusion
Hyper
Hyper
Hyper ou hypo
Iso
Hyper
ADC
Basse
Elevée
Basse
Basse
Basse

T2 shine through :
                Certains tissus sont fortement pondérés T2 et donnent un hypersignal diffusion qui peut être interprété à tort comme étant une restriction,
                L’ADC élevé de la région en hypersignal permettra de s’assurer qu’il n’existe pas de réelle restriction de la diffusion
                Le kyste épidermoïde en est l’exemple classique, mais peut être retrouvée également dans certains cas de gliomes de bas grade

kyste épidermoide de l'angle ponto cérébelleux droit avec un effet T2 shine through sur la diff


T2 Blackout :
                L’exemple classique étant l’AVC hémorragique aigu où l’hématome va donner l’aspect d’une pseudo restriction de la diffusion, qu’on pourrait interpréter à tort comme étant un AVC ischémique

AVC hémorragique ayant un effet T2 Blackout sur la diff

T2 washout :
                Retrouvé dans certains cas de syndrome d’encéphalopathie réversible postérieure, dans lequel la diffusion est en isosignal malgré une diffusion restreinte attestée par un ADC  bas dans cette région, comment expliquer ce phénomène ? il nous faudra revenir au phénomène du T2 shine through,
                Le fait est que la relation entre T2 shine through et diffusion réelle est plus complexe qu’une simple relation binaire, ainsi tous les tissus ont en fait un certain degré de T2 shine through, si la lésion est hypercellulaire la diffusion sera franchement restreinte et on aura un ADC bas, et si la composante T2 est accentuée c’est le T2 shine through qui l’emportera, mais dans certains cas les deux facteurs T2 shine through et diffusion restreinte s’annulent , donnant un isosignal diffusion, mais l’ADC reste quant à lui b.


Lésion à flux bas :
                Typique des hémangiomes (notamment hépatiques) où le flux bas des vaisseaux qui le composent donnent carrément l’aspect d’une diffusion restreinte en hypersignal diffusion et ADC bas, non pas par réduction du mouvement des molécules d’eau, mais juste par le flux intrinséquement lent des vaisseaux le composant.



 Quelques exemples de restriction de la diffusion retrouvées dans l'encéphale :



A/B= AVC ischémique; C/D= Maladie de creutzfeld-Jacob; E/F= encéphalopathie ammonémique; G/H= AVC ischémique; I/J= empoisonnement au CO;  K/Let M/N/O= lésion hypoxo ischémique; P/Q= abcès pyogène; R/S= Pathologie démyélinisante


Références :



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

DentaScan : ce que le radiologue doit savoir

Insertion intracranienne d'une sonde nasogastrique